dimanche 23 juin 2013

Sortie en Estrie

Salut tout le monde !

Voilà un petit récit raconté par Jean-François, ou Kerouak, sur ma dernière sortie en kayak-pêche.

" Nous avons profité de la superbe journée pluvieuse d'hier pour tenir les premières retrouvailles des "Aventuriers du Gouin", nous sommes partis à 3 des 5 comparses d'aventure (Lewie, FaithSpinner et Kerouac) pour une petite descente d'une douzaine de kilomètres sur une petite rivière assez difficile d'accès en Estrie.

On partait en prospection, ne sachant pas trop qu'est-ce qu'on y trouverait.

Ça a bien commencé... dès mon premier lancer une attaque monstre sur mon leurre, mais étant trop occupé à discuter avec Lewie, je manque mon ferrage.

On continue un peu plus loin, c'est au tour de Lewie d'avoir l'attaque monstre et il ne rate pas sa chance :







Après avoir fait une belle remise à l'eau tout de suite après, on continue notre chemin et là, les achigans se mettent à attaquer :







De la qualité et de la quantité aussi, nous en avons pris une dizaine chacun, tous entre deux et trois livres.

Un petit avec une grosse blessure sur l'arrière du corps. Il a sûrement échappé aux dents d'un gros prédateur :




Faithspinner, qui apprécie sa journée malgré la pluie incessante :




On descend quelques petits rapides, Lewie lance sa cuillère directement dans le bouillon, BANG ! Un autre beau petit maskinongé :




Total pour la journée: une dizaine d'achigans chacun, plus 2 maskinongés pour Lewie, 1 brochet pour Kerouak et 1 doré pour Faithspinner.

Une autre belle sortie à trois, en espérant être cinq pour la prochaine ! "

mercredi 12 juin 2013

Cinq jours au Réservoir Gouin

Bonjour à tous !

Voilà ma petite contribution, mon petit reportage de quatre jours de folie passés sur le Réservoir Gouin avec quatre amis :

Pat T
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Kerouak
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Faithspinner
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et III (Balbuzar en prison  ).
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L'idée de départ était de partir à l'aventure pour camper sur les îles du Gouin, en pêchant au fur et à mesure que nous progressions sur le réservoir. Pour ma part, c'était le baptême du feu, mon premier vrai voyage de pêche dans un endroit vierge de toute civilisation, pas le Grand Nord, mais presque. Pour un pauvre petit français comme moi, l'idée semblait folle et dangereuse. 

Nous avons passé beaucoup de temps en amont à tout préparer, à établir un itinéraire, à prévoir l'imprévisible, à tout planifier, pour être sûrs que le voyage ne se transforme en cauchemar. Le set-up que nous avions conçu était tout ce qu'il y a de plus difficile, mais l'aventure a un goût qu'on ne peut qu'apprécier, des souvenirs d'une intensité telle que nous avons maintenant hâte de renouveler l'expérience.

Nous sommes partis un vendredi matin, très tôt. à 4h30 du matin, tout était prêt : le kayak de Faithspinner sur le zodiac de Pat T, le canot sur le toit du 4x4, le matériel emballé, prêts et excités comme des enfants devant un magasin de bonbons.

Nous redoutions le voyage, ces 7h de route à cinq, sur la route puis sur le chemin de terre, mais nous ne les avons pas vues passer, ces heures. Entre nos conversations passionnées et l'humour qui s'est tout de suite imposé comme une référence incontournable, en un rien de temps, nous avions parcouru les 400 km qui nous séparaient de la pourvoirie.

Vendredi midi, nous arrivons au bord du lac. Le vent est presque nul, le temps est nuageux, et les maringouins nous attendent de pied ferme. Les poissons aussi... 

Première nouvelle et premier imprévu : le réservoir est haut, 9 pieds de plus que la hauteur d'eau normale. Conséquence directe : les postes ont changé, il n'y a plus de plages, les poissons ne sont plus sur les zones habituelles, il faut prospecter. Mais avant tout, il faut déballer tout. 

Une heure plus tard, tout est prêt. Nous partons enfin. 

Kerouak et Faithspinner sont aux commandes de leurs embarcations respectives, Pat joue les capitaines sur son bateau (heureusement qu'il était là, avec tout le matériel qu'il nous fallait transporter !). Quant à moi, je suis en tandem avec III, sur le canot. 

L'après midi se passe sans encombres. Les nuages sont présents, mais pas de pluie. Nous avons la chance de tomber sur un spot à brochets, une belle baie herbeuse. Les captures s'enchaînent, pas de vrai gros, des fouettes. III tombe tout à coup sur un beau brochet, estimé à 35 pouces. Le temps de sortir l'épuisette, de le passer dedans, le monstre décide de repartir, et bondit hors du filet, devant mes yeux ébahis. Le poisson est libre, il est reparti, sous une belle volée d'insultes bien senties. Je me suis senti pas mal bête de rater le point final de cette première vraie capture. 

D'autres petits brochets rejoignent le canot, mais rien de bien sérieux. Puis, il faut pagayer jusqu'au premier campement, une île. Comme ça, on évite les visites nocturnes imprévues.

Arrivés sur la première passe réputée pour le doré, Faithspinner a rempli sa chaîne à poissons.
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Kerouak a déjà attrapé un beau doré, pendant que Faithspinner continue son carton plein.
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Arrivés en retard sur le spot, nous avons un peu de temps pour en attraper quelques uns. Les dorés sont malheureusement assez petits, et les gros trophées sont absents. La sangsue marche bien.

Nous repartons en direction du campement, avec deux grosses cuillères à la traîne. Un petit brochet se laissera tenter. C'est déjà l'heure de monter les tentes et de se préparer à manger. Je me sens un peu dépassé par la chose, la fatigue est bien présente et j'ai du mal à avoir les idées claires. Je me laisse clairement porter par III qui est encore bien vaillant, et qui aura tout préparé tout seul ce soir-là. Pas de feu sur l'île, nous sommes tous très fatigués, et même si III et moi voulons essayer de pêcher de nuit, nos camarades épuisés dorment déjà depuis longtemps quand nous décidons de rejoindre les bras de Morphée.

Le matin du second jour, nous sommes frais et dispos. L'escapade recommence. Objectif du jour : atteindre l'embouchure d'une rivière, pour tenter de prendre du brochet, puis la remonter vers le Lac des Cinq Milles.
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Le portage commence par un bel obstacle : un pont de fortune dressé sur une veine de fort courant, que nous devons traverser.
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Porter les canots s'avère difficile, il faut transporter une grosse partie du matériel sur la berge, sans la moindre piste. Je ne cache pas mon appréhension, d'autant que nous ne pouvons pas faire demi-tour : l'après-midi est entamée, le vent s'est levé sur le réservoir, et les vagues sont trop fortes pour que nous nous y aventurions.

Le portage commence, III se charge du canot et je passe par le bois. Les arbres morts rendent la tâche difficile. Faithspinner chavire même en passant une veine de courant, et perd une canne au passage... 

De mon côté, la pluie étant arrivée, je commence à être bien mouillé, et la fatigue est vite revenue. Je me disais en bonne forme physique, je dois reconnaître avec le recul que je n'étais pas autant en forme qu'espéré. 

La zone difficile est franchie, et je remonte dans le canot avec III. Les bancs de meuniers défilent sur le fond de la rivière. Nous sommes émerveillés par la beauté de ce paysage brut. 

Après une ou deux heures de remontée, nous arrivons sur le Lac des Cinq Milles. La pluie tombe, elle est fine et pénètre le moindre centimètre carré de nos vêtements. Le lac est immense, et nous nous demandons comment prendre du poisson sur une zone aussi vaste. Kerouak réussit à prendre un beau doré, nous prenons quelques brochets à l'embouchure de la rivière, et nous dirigeons désormais vers le camp numéro 2. Pat T de son côté n'a pu remonter la rivière, et campe de son côté sur le premier campement, pour ensuite faire le tour et nous rejoindre le lendemain.

Avec III, nous sommes déterminés à attraper un beau brochet. Nous passons plusieurs fois à la traîne autour de notre île, sans succès. Armés de grosses cuillères, nous pêchons au hasard. Un petit brochet rejoint le canot, puis c'est la touche pour moi. En passant devant un arbre immergé, paf, arrêt net. Ma cuillère revient vers le canot à toute vitesse, c'est un poisson. Ferrage en règle, rush puissant. Le poisson sonde. Ma ligne est tendue à l'extrême, le fil manque de se rompre alors que je desserre mon frein, juste à temps pour éviter la casse. Après deux ou trois départs en force, nous amenons le poisson dans l'épuisette. Verdict final : 90 centimètre et demi, 35,5 pouces. Une belle femelle aux couleurs magnifiques. Je bats mon record de cinq centimètres, je suis heureux et ça se sent.
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La photo est prise, le poisson retourne dans les profondeurs.

Nous montons le second camp sur notre île. La pluie est toujours là, l'humidité nous colle à la peau, et le froid nous transit jusqu'aux os. Je débarque d'un côté de l'île pour éviter de mouiller mes pieds (illusoire, car j'étais trempé de la tête aux pieds). En parcourant les quelques mètres qui me séparent du camp, je tremble comme une feuille. Je sais que j'ai froid, il faut que je me réchauffe. L'hypothermie n'est pas encore à l'ordre du jour, mais je ne dois pas traîner. Heureusement, III est prévoyant et a commencé à préparer le feu.
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La soirée est agréable. Placée sous le signe de la fatigue encore, nous ne faisons pas long feu, et même si notre bonne humeur n'est pas entachée par le mauvais temps, nous savons qu'il faut reprendre des forces et garder le moral au plus haut pour le lendemain.

Le jour se lève et la surprise nous attend : les nuages sont partis. Nous nous dirigeons vers la suite de notre itinéraire : un second portage, entre le Lac des Cinq Milles et le Lac de la Dame. Il faut franchir une centaine de mètres, porter les affaires, les embarcations. Le soleil pointe ses rayons, nous sommes réchauffés. Le lac qui précède celui de la Dame est étrangement vide : à part un petit brochet suicidaire, pas une belle nageoire malgré nos lancers répétés. Nous avançons alors dans la rivière qui le sépare d'un autre lac. Il ne faut pas traîner : Pat T nous attend de l'autre côté. Les fouettes sont là dans la rivière, et nous entrons sur le Lac de la Dame. Les brochets mordent bien, et Faithspinner commence à prendre goût à la pêche de surface.
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Il pique brochet après brochet, et chaque équipage réussit à prendre quelques poissons. Nous prenons même le temps de nous arrêter pour un shore lunch sous un beau soleil. 
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Vers 16h, nous arrivons au bout du lac, au dernier portage. Un barrage de castors nous empêche de passer, mais ce n'est pas ça qui nous arrêtera.
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Pat T est fidèle au rendez-vous. Le soulagement est de mise, on ne sait jamais ce qui aurait pu nous arriver, ou lui arriver.

Pat a malheureusement touché un magnifique poisson, qu'il estime à plus de 35 pouces. Encore une fois, le diable a jailli hors de l'épuisette, et s'est enfui sous ses yeux effarés. Il semblerait que les brochets du Gouin soient de sacrés farceurs !

Sous un soleil de plomb et sur une eau transformée en miroir, nous atteignons le troisième campement, sur un promontoire sableux qui surplombe une baie. 
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Les tentes sont montées, nous repartons pour une pêche de soirée, afin d'échapper aux bestioles qui sévissent en bordure des eaux. Malgré tous nos efforts, pas un doré ne rejoindra les bateaux ce soir-là. On se demande bien où ils sont passés, car pas une seule de nos technique n'a réussi à provoquer la touche.
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Un orage nous frôle, la soirée se passe autour du feu de camp, où les guimauves grillent. Une coupe de vin agrémente le repas, un peu de chocolat fin pour le dessert, et voilà, il en faut peu pour que cinq pêcheurs soient heureux sous les étoiles. 

Le lendemain, l'heure du retour sonne déjà. Nous avons prévu de nous faire tirer par le zodiac de Pat. Il aurait été impossible de ramer jusqu'à la pourvoirie, pour arriver dans les temps impartis. Sur le chemin, Faithspinner et Kerouak s'arrêtent pour prendre quelques derniers dorés, tandis que III et moi décidons de retourner sur notre baie à brochets, pour retenter une dernière fois de prendre un monstre. Quelques brochets viendront au bateau, mais deux chaloupes bien malpolies viendront nous brûler la politesse, à quelques mètres seulement de notre canot. Le Réservoir est immense, mais il semblerait que certains soient vraiment trop paresseux pour chercher par eux-mêmes le poisson.

Nous arrivons à la pourvoirie, et c'est déjà l'heure de repartir. Une baignade pour se nettoyer un peu, on remet tout le matériel sur le camion, et l'heure du départ sonne déjà. Fatigués, mais heureux, nous passons le voyage à discuter de nos péripéties, de nos avaries diverses, heureusement placées sous le signe du matériel.

Bilan matériel : deux cannes perdues, une canne cassée, un kayak endommagé (de façon superficielle), un imperméable éclaté, un pantalon d'imperméable déchiré. Quelques leurres perdus. Rien de bien grave au final.

Bilan humain : de la fatigue, beaucoup d'images de folie en tête, beaucoup de rires, notamment quand je découvre l'ampleur du portage. Pas mal de franche camaraderie, et de moments de complicité.

Bilan halieutique : plus d'une cinquantaine de poissons attrapés à trois. La pêche était dure, les poissons étaient souvent absents des zones connues, beaucoup de prospection à effectuer pour tirer notre épingle du jeu.

Bilan des emmerdes : saloperie de bestioles de maaaaaaarr** qui nous ont bouffés pendant tout le voyage ! Avec 9 pied d'eau de plus, les maringouins, mouches noires et autres empêcheurs de pêcher tranquille ne nous ont pas quittés d'une semelle. Mais bon, on s'y fait ! Le Gouin, c'est un all you can eat pour bibites !

J'ai des souvenirs plein la tête de ce voyage, passé en excellente compagnie. Je me suis parfois senti désemparé et un peu perdu, mais c'est grâce à mes camarades que j'ai pu passer tout ce temps sur l'eau, dans un endroit sauvage, loin de toute civilisation. En tant que français, c'est une première expérience que je qualifie de magique.

J'ai vraiment, vraiment hâte de remettre ça. 

Un gros gros merci à Pat T l'organisateur, à Jean-François pour son sens de l'orientation, à III pour sa ténacité et sa passion, et à Faithspinner pour sa bonne humeur et son optimisme perpétuels. Bravo les gars, c'était un truc de fou.

Louis/Lewie.

jeudi 18 avril 2013

Immigration, étape 1, avancée significative

Salut à tous !
Réservoir Manicouagan, nord du Québec


Pas de nouvelles, bonne nouvelle, comme on dit. 

Certes, on ne remplacera pas l'adage mais je sais que ça vous fait plaisir d'en avoir et ça me fait plaisir d'en donner. Voilà donc un billet qui parle de l'immigration. 

Je vais vous remettre rapidement en situation : le plan, en décembre dernier, était de réunir la somme faramineuse de papiers pour passer par la demande régulière de Certificat de Sélection du Québec, et envoyer ma demande avant la fin de mon PVT (avant le 6 mars 2013, donc). Je dois d'abord dire que ce n'est pas une sinécure, en particulier lorsqu'on attend certains papiers de France. J'ai dû harceler certaines administrations. Rennes 2 ne m'a jamais fourni les papiers dont j'avais besoin, malgré mes demandes incessantes. Jamais. De là à dire que je m'y attendais... c'est un pas que je franchis avec allégresse (et rancœur  je le concède).

Oui, c'est un parcours du combattant. Oui, il faut montrer qu'on a bel et bien existé et qu'on n'est pas une personne qui usurpe une identité, etc.

Donc, voilà où j'en étais en décembre dernier. Entretemps, j'ai demandé un visa Jeunes Professionnels d'un an et demi, pour pouvoir rester sur le territoire canadien en attendant d'obtenir ma Résidence Permanente (RP). J'en profite pour insérer les acronymes et leur définition, ça me facilitera la vie pour la suite.

Donc, une fois le JP obtenu (on va voir si vous suivez), je me suis dit : "Bon, on arrive à un an de travail le 12 mars, et les papiers ne sont toujours pas réunis... ça craint. Comment faire pour éviter toute cette paperasse ?"
La solution est simple : je suis passé par une démarche simplifiée qui permet aux jeunes travailleurs pourvus d'une année d'expérience à temps complet dans leur domaine d'obtenir le fameux CSQ (encore une fois, si vous suivez, vous avez compris l'acronyme). Cela s'appelle le PEQ (Programme de l'Expérience Québécoise). Son principal avantage ? Le gain de temps... Une demande de CSQ, c'est environ six mois d'attente. Une demande via le PEQ ? 20 jours. Autant vous dire que dès février, je savais que j'allais passer par cette démarche simplifiée.

Le 12 mars dernier, je fêtais ma première année aux Studios Les Vilains Garçons. Le 15 mars, ma demande de CSQ via le PEQ (une dose supplémentaire de difficulté) partait vers les bureaux de l'immigration de Montréal. Dernière nouvelle en date d'il y a deux semaines : les frais de dossier ont été prélevés... 750 $ en moins sur la carte de crédit, paf dans les dents !

J'attends donc qu'ils m'envoient ce fichu CSQ... pour enfin lancer l'étape fédérale, la plus imposante.

Voilà pour l'immigration. Vous voyez, la vie suit son cours et la maison qui rend fou ne gagne pas toujours la bataille. Je l'aurai, cette carte de résident permanent !

Sinon je rentre en France du 18 mai prochain, au 1er juin. J'espère vous y croiser, envoyez-moi donc un petit mail, que je sache si vous êtes dans le coin.

Plein de bisous à tou(te)s !

jeudi 14 février 2013

Français, joual et québécois, mes amours

Le texte qui suit est un commentaire que j'ai émis sur un article du Monde qui parlait des dernières élucubrations du gouvernement du Québec pour "protéger le français." Mouarf.

Hop, le lien ici.
"Pourquoi suis-je enclin à pouffer ? Ce qui me fait hurler de rire dans ce genre de débat qui porte sur les questions linguistiques, c’est qu’on gratte à peine la surface alors que ces questions sont bien plus complexes que ce qu’on voudrait croire. La réflexion qui suit n’arrive même pas à apporter un semblant de solution. C’est un imbroglio !
Je suis traducteur au Québec, arrivé de France, et je n’ai presque jamais eu d’affrontement sur la langue ou de dispute à ce sujet . Pourquoi ? Parce que les fameux « trolls » qui aiment se battre là-dessus se font vite désarçonner quand on leur parle de différence entre un calque, un anglicisme et un emprunt lexical. Au moins, ça c’est fait.
Le québécois est une langue à part entière qu’il est nécessaire de valoriser car elle a été longuement méprisée par la majorité de la francophonie (les métropolitains, donc). Quand la France a écrasé ses patois et dialectes d’une main de fer dans les écoles pour unifier la langue et par là même nos régions, bien des gens en ont souffert. C’est cette dynamique qui nous pousse, nous, français de France, à vouloir écraser les dialectes autres que celui de l’Académie. Le jugement que vous portez sur ces langues secondes, vous l’avez hérité de vos ancêtres à qui on a bourré le crâne d’affirmations, comme quoi le seul « vrai français », c’était celui de l’école.
Le québécois est une langue dont les origines sont indéniables, mais surtout qui doit se tirer d’un bourbier dans lequel elle s’enfonce pour plusieurs raisons. Car on confond originalité linguistique et mauvais apprentissage de la langue. L’Office de la Langue Française ne fait plus son travail depuis très longtemps.
Le québécois a l’audace et même le courage de traduire certains mots que le français métropolitain se contente d’emprunter à l’anglais (la propension à inclure des mots anglais dans ces deux langues est quasiment la même, soit dit en passant). C’est un beau geste. N’oublions pas que les comportements diffèrent car nous n’avons pas le même ressenti vis à vis des autres langues. Les 8 millions de québécois vivent à côté de 300 millions d’américains. Il est naturel qu’ils se sentent menacés (d’un point de vue linguistique). Le français métropolitain se contente de faire des emprunts car d’une, nous avons un niveau d’anglais minable (n’allez pas crier au loup, c’est une vérité qui me blesse tout autant que vous), et de deux, nous ne voyons pas les langues étrangères comme une menace (égocentrisme linguistique).
À côté de cela, le niveau d’orthographe au Québec est catastrophique, car l’apprentissage de la langue se fait mal. On pointe du doigt le symptôme, au lieu de pointer la cause. L’éducation des jeunes québécois est une catastrophe, les principaux acteurs de l’enseignement le clament depuis des années haut et fort. Au lieu de taper sur les gens qui ne savent pas lire et/ou écrire, mieux vaudrait commencer par aider leurs enfants à mieux le faire. C’est de ça dont l’Office devrait s’occuper (et à fortiori, le gouvernement du Québec, hein… mais il préfère taxer les étudiants de « pelleteux de nuages » (j’adore cette expression !)). Le Québec a besoin d'éducation, pas de répression.
Première proposition pour l’Office : proposer des traductions officielles de façon systématique et légiférer pour qu’elles soient appliquées dans le monde du commerce (ce qui entre en conflit avec la dynamique de l’usage, et des vecteurs de communication).
Deuxième proposition essentielle : distinguer la particularité linguistique de l’erreur (« sacrer » est un terme qui relève de la particularité linguistique, « sa va » est une erreur). C’est le boulot de l’Office, encore une fois. Les absents ont toujours tort…
Promouvoir le français, c’est le dynamiser, lui donner de la force, l’encourager par des concours (pensez donc aux dicos d’or, par exemple).
Pour finir, on place le français comme le garant d’une intégration réussie. Je pense que c’est une erreur monumentale. Commençons donc par établir des bases solides au lieu de vouloir enseigner des choses bancales aux nouveaux arrivants. Les francophones de France ne vont pas forcément relever le niveau de langue, ils vont juste influer sur le québécois qui perdra peut-être encore un peu de son essence. Je trouve cela regrettable. « En s’il vous plaît. » ;-)"
Gardez en tête qu'il s'agit d'une opinion personnelle. Moi, je m'intègre à mon propre rythme. D'autres vont plus vite, d'autres moins vite. L'essentiel, c'est de s'intégrer, au final...

mardi 22 janvier 2013

Petite réflexion sur la neige

Salut à tous !

Voilà, ce ne sera pas bien long, mais quand j'étais petit et que je regardais des films américains sur la neige, je me disais : ouah, c'est du chiqué, on dirait pas de la neige mais des paillettes. Ça ne fait pas crédible du tout.

Prenez The Shining par exemple, quand le petit s'enfuit dans le labyrinthe avec le père fou à ses trousses. On dirait vraiment qu'ils pataugent dans du sucre glace. Ça n'enlève rien au fait que le film est génial (ertreeeuuum), mais bon, bref, quand on a le goût du détail, la magie se perd un peu à la rediffusion.

Eh bien, non ! Je m'en suis rendu compte ce matin. Déjà, y'a plusieurs types de neige. La neige à l'américaine, ce n'est pas la neige à l'européenne. Je m'explique : en Europe, notamment au pied du Vercors (parlons de ce que je connais, pas de ce que je suppute), la neige est humide, collante, c'est même rare d'avoir de la poudreuse, et encore, elle ne porte ce nom que parce qu'elle est fine. Les températures sont rarement très basses, ça donne donc des gros flocons, qui collent vite et bien. Et puis ça fond très vite.

Ici, il fait froid, et sec. Deux données qui changent considérablement la "texture" de la neige. Houlà. Oui, elle est différente. Quand la température est proche du zéro, la neige canadienne est lourde, compacte. Celle-là, on la connait. Elle finit en "sloche" en un rien de temps. "Sloche", dérivé de l'anglais "slush", une bouillie infâme de neige fondue dont la teinte rappelle le visage d'un croquemort avant thanatopraxie.

On connait aussi la poudreuse, cette neige fine qui vient faire râler les automobilistes parce que la voiture est sous une congère le matin : "esti d'marde blanche, tabarnak!" 

Quand le froid devient violent, la neige se transforme en grésil, voire pire, en pluie de glace. D'où les fameuses paillettes. Les réalisateurs de cinéma ne se plantent donc pas : ils reproduisent ce qui se passe dehors, en vrai... Sauf que le climat américain et le climat européen... ne sont pas les mêmes.

Ce que je prenais pour un truc mal fait n'est en fait qu'une différence de plus à mettre sur le compte de nos cultures.

Oui, cette anecdote est un peu capillo-tractée, mais je me disais qu'elle illustrerait bien le fait que nos deux continents sont vraiment différents, et ce jusqu'au bout... des doigts (attention aux engelures).

Bises ;-)