Salut à tous !
Aujourd’hui, on va parler un peu mobilisation politique, et implication
locale. Je sais qu’il est de bon ton de rester dans la neutralité, les agacés me le
rappellent souvent, on ne s’épanche pas sur Fesselivre.
Alors, pourquoi me suis-je posé comme un relais du conflit qui secoue en ce
moment la société québécoise ? Pour plusieurs raisons essentielles (du
moins, pour moi).
La première, c’est que le mot « objectivité » ne fait pas
partie du vocabulaire de la presse canadienne, à fortiori celle de Montréal.
Imaginez-vous une province presque entièrement sous la coupe du Figaro (ou de
Libération, pour les rares qui répriment leur envie de me traiter de rouge sur
Facedebouc). Imaginez-vous une information orientée, modelée. Reporters Sans
Frontières pourrait s’attarder sur le phénomène, car il y a un sérieux problème
de censure à Montréal et au Québec. La presse est affiliée au Parti Libéral.
Point numéro deux : découlant du premier point, je suis aux
premières loges pour assister à un conflit qui s’envenime, à des exactions
policières, aux forces anti-émeute et aux charges de la police montée qui
(excusez-moi du peu) a presque piétiné à mort un adolescent dimanche soir… Sic. J’ai
donc un regard particulier sur la situation, je la vis.
Je soutiens le mouvement étudiant, un mouvement pacifique, hilarant,
potache, et surtout créatif. Je scande des slogans ironiques, sarcastiques, le
sourire aux lèvres, car c’est bien là la force de ce mouvement : sa volonté
de dénoncer une souffrance en tendant l’autre joue. Car ce gouvernement ne
répond que par le mépris et la haine, qu’il distille à l’envi. Quelques
exemples de slogans : « On est dangereux hein, on porte un carré
rouge ! », « Criez plus fort, pour que personne ne vous
ignore ! », « On est plus de cinquante-euh ! »
Troisièmement, la réponse autoritaire (loi 78), délivrée par le
gouvernement. Elle me fait penser à De Gaulle. « La chienlit, ça suffit ».
Ok, Charest, mon coco, t’es trempé jusqu’au cou dans des affaires de
corruption, ça fait neuf ans que tu es au pouvoir, et la seule véritable
réponse que tu apportes à l’expression d’un profond malaise social, c’est la
matraque ? Mai 68 s’est fait sur la rébellion d’une jeunesse méprisée par
les adultes. Mark my words : tu es en train de semer la vigne sur laquelle
poussent les raisins de la colère.
Pour les femmes que j’ai vues à terre, frappées par trois hommes en
uniforme, pour ces passants qui prennent des gaz lacrymogènes parce qu’ils sont
là au mauvais endroit et au mauvais moment, pour ceux qui espèrent un jour voir
l’intellect au pouvoir à la place du fric, je m’engage, solidaire, aux côtés du
carré de feutrine rouge.